TY - JOUR
T1 - Pour un engagement cosmopolite et séquentiel
T2 - À propos d'une recherche sociologique sur les médias et le conflit israélo-palestinien
AU - Bourdon, Jérôme
PY - 2013/1/1
Y1 - 2013/1/1
N2 - L’auteur essaie de tirer des leçons générales d’un parcours personnel et professionnel de sociologue des médias étudiant la couverture du conflit israélo-palestinien. Il s’ouvre par un rappel sur la notion de « neutralité engagée » défendue par Heinich (2002) et fondée sur une distinction entre les trois positions du chercheur, du penseur et de l’expert. L’auteur ajoute la position de l’enseignant. Il soutient que pour « objets chauds » qui suscitent de fortes controverses publiques, il est difficile de maintenir la neutralité axiologique du chercheur souhaitée par Henich, notamment face aux journalistes qui ont une relation compliquée avec le monde de la recherche. De surcroît, pour des objets transnationaux, il est difficile d’ignorer les « passeports », les identités culturelles et nationales dont sont porteurs le chercheur et les acteurs impliqués dans sa recherche, et qui sont liés aux positions adoptées dans la controverse. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, les medias ont été la cible de nombreuses critiques en raison de leurs biais supposés être en faveur de tel ou tel côté, selon l’époque, les pays. En tant que chercheur, l’auteur soutient qu’il est difficile de prendre parti, scientifiquement, dans ce qui divise les acteurs, et que de surcroît cela présente peu d’intérêt – conduit à redoubler le discours des acteurs. L’auteur applique ici une règle de neutralité et s’applique d’abord à comprendre les trajectoires et les positions des acteurs, qu’il s’agisse des journalistes, de leurs critiques ou des publics diasporiques du spectacle du conflit. Son engagement intervient au terme du travail de recherche, lorsqu’il s’adresse aux journalistes, et singulièrement à des élèves journalistes. Il critique chez les journalistes moins le biais que l’illusion de neutralité discursive qui conduit à ignorer leur responsabilité alors qu’ils devraient être plus clairs quant à leur implications dans le conflit (dont ils sont aussi des publics), et aussi être plus sensible aux réactions du public. Enfin, vers les publics, l’engagement de l’auteur consiste à suggérer (comme pour les journalistes) un retour sur soi-même, notamment une réflexion sur l’implication émotionnelle de chacun dans la consommation de medias, en bref, une invitation à la prise de distance. Cette approche ne va pas sans risque mineur, d’être pris à parti et sommé de renoncer à la neutralité, ou de se trouver malgré soi « démasqué » pour avoir pris parti sans le vouloir. Pour le chercheur, le risque le plus dangereux est bien sûr que ce refus de prendre parti ne suscite que l’indifférence.
AB - L’auteur essaie de tirer des leçons générales d’un parcours personnel et professionnel de sociologue des médias étudiant la couverture du conflit israélo-palestinien. Il s’ouvre par un rappel sur la notion de « neutralité engagée » défendue par Heinich (2002) et fondée sur une distinction entre les trois positions du chercheur, du penseur et de l’expert. L’auteur ajoute la position de l’enseignant. Il soutient que pour « objets chauds » qui suscitent de fortes controverses publiques, il est difficile de maintenir la neutralité axiologique du chercheur souhaitée par Henich, notamment face aux journalistes qui ont une relation compliquée avec le monde de la recherche. De surcroît, pour des objets transnationaux, il est difficile d’ignorer les « passeports », les identités culturelles et nationales dont sont porteurs le chercheur et les acteurs impliqués dans sa recherche, et qui sont liés aux positions adoptées dans la controverse. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, les medias ont été la cible de nombreuses critiques en raison de leurs biais supposés être en faveur de tel ou tel côté, selon l’époque, les pays. En tant que chercheur, l’auteur soutient qu’il est difficile de prendre parti, scientifiquement, dans ce qui divise les acteurs, et que de surcroît cela présente peu d’intérêt – conduit à redoubler le discours des acteurs. L’auteur applique ici une règle de neutralité et s’applique d’abord à comprendre les trajectoires et les positions des acteurs, qu’il s’agisse des journalistes, de leurs critiques ou des publics diasporiques du spectacle du conflit. Son engagement intervient au terme du travail de recherche, lorsqu’il s’adresse aux journalistes, et singulièrement à des élèves journalistes. Il critique chez les journalistes moins le biais que l’illusion de neutralité discursive qui conduit à ignorer leur responsabilité alors qu’ils devraient être plus clairs quant à leur implications dans le conflit (dont ils sont aussi des publics), et aussi être plus sensible aux réactions du public. Enfin, vers les publics, l’engagement de l’auteur consiste à suggérer (comme pour les journalistes) un retour sur soi-même, notamment une réflexion sur l’implication émotionnelle de chacun dans la consommation de medias, en bref, une invitation à la prise de distance. Cette approche ne va pas sans risque mineur, d’être pris à parti et sommé de renoncer à la neutralité, ou de se trouver malgré soi « démasqué » pour avoir pris parti sans le vouloir. Pour le chercheur, le risque le plus dangereux est bien sûr que ce refus de prendre parti ne suscite que l’indifférence.
KW - France
KW - Israeli-Palestinian conflict
KW - discourse studies
KW - public discourse
KW - rhetoric and composition
KW - social identity
U2 - https://doi.org/10.4000/aad.1516
DO - https://doi.org/10.4000/aad.1516
M3 - مقالة
SN - 1565-8961
VL - 11
SP - 1
EP - 17
JO - Argumentation et Analyse du Discours
JF - Argumentation et Analyse du Discours
ER -