Abstract
Depuis les années 2000, Israël exporte avec succès un
nouveau cinéma, donnant place au destin de groupes jusquelà peu ou pas représentés sur l’écran : femmes, juifs mizrahim
(orientaux), minorité palestinienne d’Israël. Ce cinéma plus
critique n’est-il pas aussi utilisé comme « soft diplomacy » par
un État particulièrement soucieux de son image ? Fondée
principalement sur une analyse des critiques de films en France,
États-Unis, Grande-Bretagne et Israël, cet article propose une
réponse nuancée. La pratique du financement et la production
de ces films n’obéit pas à un souci politique. Bien reçus à
l’étranger, et très minoritaires, les films critiques de l’armée et de
l’occupation suscitent l’ire des représentants de l’État israélien,
qui, sous Netanyahou, sont allés jusqu’à l’appel à l’autocensure.
Au-delà de toute intention politique, les films font l’objet de
réinterprétations et de malentendus qui peuvent provoquer des
effets imprévisibles, par exemple sur la compréhension du statut
des femmes, juives ou arabes, en Israël. Chaque pays met l’accent
sur des aspects différents : l’Angleterre est la plus critique et la
plus politique, les critiques français écrivent dans le contexte de
leur culture cinéphilique, les Américains sont les plus prudents à
l’instar de leurs journalistes. À l’exception de certains cinéastes
palestiniens d’Israël, les créateurs ne s’exilent pas ou très peu, et
continuent de porter un discours critique, par ailleurs rare dans
les médias israéliens.
nouveau cinéma, donnant place au destin de groupes jusquelà peu ou pas représentés sur l’écran : femmes, juifs mizrahim
(orientaux), minorité palestinienne d’Israël. Ce cinéma plus
critique n’est-il pas aussi utilisé comme « soft diplomacy » par
un État particulièrement soucieux de son image ? Fondée
principalement sur une analyse des critiques de films en France,
États-Unis, Grande-Bretagne et Israël, cet article propose une
réponse nuancée. La pratique du financement et la production
de ces films n’obéit pas à un souci politique. Bien reçus à
l’étranger, et très minoritaires, les films critiques de l’armée et de
l’occupation suscitent l’ire des représentants de l’État israélien,
qui, sous Netanyahou, sont allés jusqu’à l’appel à l’autocensure.
Au-delà de toute intention politique, les films font l’objet de
réinterprétations et de malentendus qui peuvent provoquer des
effets imprévisibles, par exemple sur la compréhension du statut
des femmes, juives ou arabes, en Israël. Chaque pays met l’accent
sur des aspects différents : l’Angleterre est la plus critique et la
plus politique, les critiques français écrivent dans le contexte de
leur culture cinéphilique, les Américains sont les plus prudents à
l’instar de leurs journalistes. À l’exception de certains cinéastes
palestiniens d’Israël, les créateurs ne s’exilent pas ou très peu, et
continuent de porter un discours critique, par ailleurs rare dans
les médias israéliens.
Original language | French |
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Pages (from-to) | 135-146 |
Number of pages | 12 |
Journal | Confluences Mediterranee |
Volume | 119 |
DOIs | |
State | Published - 2021 |